Inauguration du 50ème Sia François Hollande est venu « donner un message de confiance aux éleveurs »
Le président de la République s’est lancé dans un nouveau marathon de près de 10 heures pour inaugurer le salon de l’Agriculture et rencontrer les éleveurs et les représentants de leurs filières. L’accompagnaient Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, Benoît Hamon, ministre de l’Economie sociale et solidaire et Guillaume Garot, ministre de l’Agroalimentaire.
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Arrivé à 7h15 pour petit déjeuner avec les éleveurs exposants à l’heure de la traite, François Hollande, président de la République, a parcouru près de 7 heures les allées des halls 3, 4 et 7 du 50ème Salon international de l’agriculture (Sia) qui a ouvert ses portes ce 23 février 2013. Et après un point presse, il repartait à 15 heures pour visiter les halls consacrés aux régions.
Avoir été un élu en Corrèze pendant près de 20 ans permet d’être aux faits des problèmes des agriculteurs et des éleveurs en particulier. Certains de ses interlocuteurs rencontrés tout au long de la matinée ont même été surpris par sa connaissance des dossiers de politique agricole et de l'importance que revêt l'Agriculture et les activités périphériques en termes d'emplois (plus de 3,5 millions).
Mais en cette période de crise, le président de la République est venu les poches vides pour rencontrer les éleveurs qui « sont dans une situation difficile » a-t-il déclaré à son arrivée. Mais toujours aussi optimiste, il ajoute, selon lui, que « le pire est derrière nous ».
« Ce n’est pas de l’argent que les éleveurs demandent mais des rapports plus équitables avec la grande distribution pour préserver la valeur ajoutée de leurs produits et moins de réglementations pour produire », explique Xavier Beulin, président de la Fnsea en sortant de son entretien avec François Hollande. Au cours de sa visite, ce dernier avait tenu à faire une nouvelle halte de 30 minutes dans le stand du syndicat victorieux des dernières élections des représentants des Chambres d’agriculture. Il sera pour les six prochaines années un interlocuteur incontournable du gouvernement au grand désespoir des leaders de la Confédération paysanne selon lesquels « on est revenu à l’époque glorieuse de la congestion ».
Sur le stand de la Fnsea, entouré des présidents des organisations spécialisées, Xavier Beulin a profité de son entretien pour demander au président de restaurer le dispositif d’exonérations des charges sociales des travailleurs négocié en 2009/2010. « Les dernières mesures prises coûtent 150 millions d’euros aux employeurs ».
Quelques semaines après la fraude sur la viande cheval, le 50ème Sia où sont attendus 700.000 visiteurs, est une opportunité pour le président de la République et son gouvernement de rencontrer à la fois les consommateurs, les producteurs et les transformateurs qui éprouvent chacun un besoin de transparence pour sauver les filières de production. C’est la condition indispensable pour retrouver la confiance de chacun de ces acteurs et par conséquent pour défendre le revenu des éleveurs.
En fait, cette dernière crise alimentaire serait un accélérateur pour rendre obligatoire en Europe la mention d’origine des viandes utilisées dans les plats cuisinés. « En France, c’est d’ores et déjà de façon volontaire qu’Intermarché, Carrefour mais aussi Bigard et Findus apposeront l’origine des viandes utilisées sur les emballages des plats préparés », s’est réjoui Pierre Chevalier, président de la Fnb devant le stand d’Interbev qui a servi de base arrière à l’organisation de la visite du président de la République.
Outre une table de maquillage et le nécessaire pour assurer les premiers soins de secours, le stand aurait aussi entreposé la valise diplomatique qui contient toutes les instructions pour riposter en urgence à une attaque nucléaire, selon un membre de l’interprofession.
Quant à la visite en elle-même, c’est dans un Salon de l’agriculture privé de son hall 1, aux allées étroites et très vite bondées, que le président a pris le soin de s’entretenir durant son parcours avec chacun des représentants des filières. Après Inaporc et Interbev, son passage sur le stand de "La reconquête ovine" lui a permis de découvrir en avant première le fonds de financement que Labeliance Invest s’apprête à lancer pour mettre à la disposition des jeunes éleveurs les capitaux nécessaires pour reprendre une exploitation. Maëlys Martin, étudiante en Bts Production animale à Guingamp pourrait dans les prochaines années en être une bénéficiaire lorsqu’elle s’installera.
Sur le stand de Jeunes Agriculteurs(JA), François Thabuis, le président du syndicat, a annoncé en avant premières les chiffres de l’installation aidée pour 2012. « Nous en avons dénombré 5.261, soit plus de deux cents de plus que l’an passé et près de 6.000 dossiers sont déjà recensés pour 2013 par l’Apca ». Le leader de JA compte sur les contrats de génération lancés par le gouvernement, étendus à l’Agriculture, pour favoriser les reprises d’exploitation par des tiers en donnant un véritable statut aux nouveaux repreneurs durant leur période de stage.
Les éleveurs croisés sur le trajet de la visite du président de la République ont unanimement déploré le niveau élevé des charges d’alimentation de leurs troupeaux qu’ils sont dans l’incapacité de répercuter sur le prix de vente de leurs produits. « Le prix du lait est même artificiellement maintenu à un niveau faible », regrette Jacques Legendre, président de la race normande.
Un plan national pour l'élevage
Selon Lohus Win associé avec son frère pour produire 750.000 l de lait sur 130 hectares en Charente, « on nous tue à petit feu. On bosse de plus en plus et on gagne de moins en moins » et pourtant je n’ai plus de dettes sur mon exploitation.
Lors de son allocution devant la presse, François Hollande a répondu à ces éleveurs qu’il allait élaborer un plan national pour l’élevage qui reposera à la fois sur un redéploiement des aides de la Pac d’après 2014 en faveur des éleveurs mais aussi sur des mesures nationales (modification de la Loi de modernisation de l’économie, une contractualisation entre producteurs et transformateurs qui offre des garanties, développement des énergies renouvelables).
Il devient en effet urgent que la Lme garantisse, aux termes de chaque négociation commerciale, un prix sur les produits mis en vente même si en parallèle il faut négocier des contreparties.
Evidemment, tout au long de la visite, la réforme de la Pac a fait partie des sujets discutés avec les éleveurs rencontrés. Xavier Beulin, lors de son entretien est revenu sur la majoration des aides directes des 50 premiers hectares : « Il ne faut pas passer à coté de la cible ». Autrement, dit la majoration doit cibler les éleveurs pour les inciter à le rester.
François Hollande a apporté de nouvelles précisions sur le cadre financier pluriannuel du 8 février dernier. Il souhaite que le Parlement européen prenne sa décision dans les meilleurs délais. « Les discussions pourront certes améliorer le contenu de cet accord mais les agriculteurs ont besoin de lisibilité pour les sept prochaines années pour investir ».
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